« eat ! Brussels, drink ! Bordeaux », pour redécouvrir la diversité des Vins de Bordeaux

Renaud Limbosch a construit sa vie au cœur du vignoble bordelais, une région qu’il aime plus que tout. Il partagera son savoir-faire à l’événement « eat ! Brussels, drink ! Bordeaux » du 7 au 10 septembre à Bruxelles.

Pourquoi avez-vous choisi - en tant que Belge - de vivre en France et plus particulièrement dans ce domaine de Château Tifayne?

Je suis d’une famille belge avec une grand-mère française, mais de la Nièvre. Après mes études d’ingénieur agronome à Gembloux (province de Namur), j’ai trouvé, grâce à un ami, un travail de régisseur en France dans un vignoble de la région. Pour la partie viticole, j’ai tout appris de mes premiers employeurs. J’ai ensuite fait du conseil en entreprise pendant 10 ans avant de tomber, après un an de recherche et 40 propriétés visitées, sur ce domaine que j’ai acheté il y a tout juste 20 ans. Les propriétaires venaient de rénover l’habitation où nous sommes encore aujourd’hui, ce qui a achevé de me convaincre.

Quels sont les atouts de cette région que vous connaissez bien ?

C’est une très belle région idéalement placée, non loin de la montagne, à côté de la mer. Avant de m’y installer, j’y ai longtemps été en vacances. C’est aussi une région où la gastronomie compte, ce qui n’est pas pour me déplaire et qui a la chance d’avoir une dynamique économique enviée par beaucoup d’autres régions françaises, ce qui est essentiel lorsqu’on veut vivre d’activités locales. On a aussi Bordeaux qui renait depuis une dizaine d’années de manière hallucinante.

Pouvez-vous nous décrire les particularités du domaine ?

Nous sommes sur une propriété en Côtes de Bordeaux et sur deux appellations - Francs et Castillon - ce qui nous permet d’avoir des vins très diversifiés selon le fameux slogan « Vins de Bordeaux. Il y a tant à découvrir » avec toutes les couleurs, blanc sec, rosé, crémant blanc et rosé, rouge. On a la chance d’être voisin de Saint-Émilion, ce qui valorise le terroir.

Comment a-t-il évolué ?

L’ancien propriétaire réalisait très peu de valorisation en bouteilles en vente directe et surtout, il n’y avait que du rouge. Aujourd’hui, comme je vous l’ai dit, nous nous sommes diversifiés, nous avons doublé la surface de production et opérons 100 % de vente en bouteille avec environ 100 000 bouteilles écoulées par an.

Un mot sur la récolte de cette année ?

C’est malheureusement la catastrophe, car nous avons eu quelques heures de gel au printemps qui ont ruiné 85 % de la récolte. Le peu qui reste sera très probablement d’une qualité exceptionnelle. C’est d’autant plus dommage.

Vous serez présent à « eat ! Brussels, drink ! Bordeaux », que pensez-vous de cet événement ?

J’en suis un membre fondateur. Quand « Bordeaux fête le vin » a été créé sur l’idée de la fête allemande de la bière, je pensais que vu l’ambiance feutrée de la ville - qui reste un petit joyau-, l’expérience ne décollerait pas. Et pourtant, c’est le meilleur format jamais imaginé par les équipes marketing. Nous ne vendons rien, nous faisons juste découvrir le produit. L’événement a été développé à l’international avec une première édition à Hong Kong et ensuite au Québec avec qui Bordeaux est jumelée. Bruxelles, en tant que Belge, c’était difficile de ne pas y participer !

Qu'est-ce qui vous séduit particulièrement dans cette participation ?

C’est l’endroit idéal pour réexpliquer aux consommateurs belges - qui ont quand même tenu pendant de longues années une place de leader - la diversité des vins de Bordeaux. Impossible de partir sans avoir gouté au moins un vin qui vous plait. C’est vraiment un moment d’échange et le fait qu’il n’y ait pas de relations commerciales permet de parler de ses vins, mais aussi de ceux de ses voisins sans aucune arrière-pensée. C’est juste du plaisir.

Justement, d’après vous, quelle est la cause de ce changement de comportement des Belges vis-à-vis des vins de Bordeaux ?

Il est vrai qu’on a perdu énormément de part de marché, mais à mon sens, ce n’est pas un désamour du consommateur francophone ou néerlandophone vis-à-vis du vin de Bordeaux, c’est juste le mode de consommation du vin qui a énormément évolué ces dix dernières années. Aujourd’hui, nous sommes constamment à la recherche de nouveautés et d’appellations moins connues. Ce qui est piquant actuellement, c’est que l’on voit à nouveau des trentenaires s’intéresser aux Bordeaux, étonnés de la diversité qu’ils peuvent y trouver. S’ils n’aiment pas les rouges très puissants, nous avons les clairets et dans un autre registre, les crémants. La plupart des gens ne savent même pas qu’ils existent.

On parle beaucoup d’œnotourisme, y avez-vous succombé ?

Notre maison en pierre du pays se trouve au milieu des vignes. Il y a 6 ans, nous avons rénové une partie restée à l’abandon pour créer 4 chambres d’hôtes qui marchent très bien ce qui permet de faire découvrir notre métier et nos produits. Notre spécialité, c’est cet accueil convivial qui tranche avec celui des châteaux plus prestigieux des environ, mais sans doute moins humain. Les gens apprécient le temps qu’on leur consacre et également le fait que l’on soit une entreprise familiale ce qui existe peu aux États-Unis et très peu au Canada, notamment.

La mascotte de la propriété est un hippopotame, c’est un peu inattendu, non ?

Je possède des hippopotames depuis mon enfance. Actuellement, ils sont environ 250 et comme pour nos étiquettes, nous ne voulions pas inventer un blason du 12e siècle - qui est aussi l’époque de la création de la maison -, le graphiste a proposé qu’il soit associé à l’image du domaine.

Qu’appréciez-vous particulièrement dans le métier que vous exercez ?

La variété. Je n’exerce pas le même métier pendant deux heures d’affilée. Je suis à la fois dans la production agricole, la transformation, le commerce, l’hôtellerie, l’accueil, le tourisme. Et tous sont valorisants.

Eat ! Brussels, drink Bordeaux (Lien externe)