Escapade en Auvergne avec Patrick Weber

Réputée pour son offre thermale, la ville de Vichy est également reconnue pour ses jardins et sa riche architecture, comme en témoigne son célèbre Opéra. Située non loin de là, la ville de Moulins, terre d’art et d’histoire, nous plonge au cœur de la dynastie des Bourbons. Le journaliste belge Patrick Weber est parti à la rencontre de ces deux perles du patrimoine de la région Auvergne- Rhône -Alpes. Impressions.

Vous êtes descendu à Vichy, une ville intéressante à plus d’un point de vue. Comment abordiez-vous ce voyage ?

Vichy faisait partie des lieux que je voulais absolument visiter parce que j’ai écrit plusieurs romans sur la Deuxième Guerre mondiale comme sur Spa et sur les villes thermales, et que je suis fasciné par le 19e siècle, Napoléon III et Eugénie. La cité ne m’a pas déçu. C’est aussi un musée à ciel ouvert et, par rapport à d’autres villes d’eaux, elle a été mieux préservée. On y remarque une juxtaposition de styles aux références architecturales très diverses illustrant cette époque où les personnes aisées faisaient construire la maison de leurs rêves. Juste à côté de l’Allier se trouve notamment la suite de chalets de l’Empereur où, tout d’un coup, on a l’impression d’être dans le Valais. Seul petit bémol pour moi, il manque un lieu qui permettrait de comprendre la période où Vichy était la capitale de la France de Pétain et la vie qui l’a entourée. Mais j’espère avoir l’occasion de partager ce que j’ai vécu avec le Club de l’Histoire que j’ai lancé en Belgique et avec lequel j’organise des voyages.

En parlant d’architecture, l’opéra - le seul en France de style Art nouveau - programmait Don Giovanni de Mozart auquel vous étiez convié. Qu’en avez-vous pensé ?

Je ne suis pas un expert en musique classique, mais ce qui m’a frappé, c’est ce bâtiment remarquable dans une petite cité de moins de 30 000 habitants. On y trouve aussi une ambiance particulière. Tout le monde s’habille pour s’y rendre et j’aime ce côté nostalgique et rétro. J’ai retrouvé là des émotions que j’avais un peu ressenties dans d’autres villes thermales chargées d’histoire. Auparavant, nous avions dîné à la Brasserie du Casino juste en face où, parfait pour moi qui suis végétarien, ils servent une vichyssoise extraordinaire.

Vous séjourniez dans une maison d’hôtes, « La Demeure d’Hortense ». La recommanderiez-vous ?

Oui. Les maisons d’hôtes sont souvent tenues par des passionnés, ce qui était encore le cas ici puisque la propriétaire est parisienne d’origine, mais plus vichyssoise que l’un de ses habitants. Elle connaît tout des secrets et des bonnes adresses de la ville comme de cet hôtel particulier du 19e siècle complètement retapé avec goût. Elle a fait vibrer ma fibre de chasseur d’antiquités !

Quel souvenir avez-vous gardé du bref arrêt à Souvigny, première capitale religieuse des Bourbons ?

C’est tout petit, tout mignon. J’aime les gens qui se battent pour leur patrimoine et le mettent à disposition du public. L’église Saint-Pierre et Saint-Paul est splendide et on ne s’attend pas à découvrir une telle richesse dans un petit patelin… quoiqu’il se trouve sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. L’endroit est très bucolique et vaut vraiment l’étape.

Enfin, qu’est-ce qui vous a frappé à Moulins, ouvert au tourisme depuis peu ?

C’est une découverte totale. Moulins est marquée par le souvenir d’Anne de Beaujeu, fille de Louis XI. C’est le berceau des Bourbons et, dans la vieille ville, on a l’impression d’être dans un décor de cinéma. J’ai visité la maison Mantin qui, par son ambiance, me rappelle, en plus luxueux, l’endroit où j’habite et cet espèce de délire de la fin du XIXe siècle où les gens collectionnaient et accumulaient. Plus déroutante, cette visite du Musée de la Visitation où j’ai pu toucher un morceau de la robe de Marie-Antoinette quand elle est arrivée en France. Un moment émouvant pour moi qui l’ai tant de fois décrite dans mes livres. Il y avait aussi une pièce du carrosse du Sacre de Marie de Médicis dans lequel était assis Henri IV, une semaine avant d’être assassiné par Ravaillac. Plein de petites bribes d’histoire partagées par un guide, lui aussi passionné. Une destination moins connue peut-être, mais qui mérite vraiment le détour. D’autant que pour remonter, j’ai emprunté la mythique Nationale 7 dont mes parents m’avaient tant parlé. Elle fait partie du charme aussi.

vichy