L'exposition "Croyances : faire et défaire l'invisible", se tient jusqu'au 26 décembre 2020 à l'Institut des Cultures d'Islam à Paris. Elle est animée par Jeanne Mercier, co-fondatrice de la plateforme Afrique in Visu. L'occasion également de découvrir ce lieu unique et le quartier de la Goutte d'Or.
L'Institut des Cultures d'Islam est un établissement culturel de la Ville de Paris, situé dans le quartier de la Goutte d’Or, dont la vocation est de faire connaître la diversité des cultures d’Islam et leur dynamisme dans la création contemporaine en proposant des expositions, concerts, conférences, projections-débats et ateliers, pour tous publics.
Après une interruption due à la fermeture liée au Covid-19, l'exposition "Croyances : faire et défaire l'invisible" reprend jusqu'au 27 décembre 2020. Loin du panorama et des récits stéréotypés sur le sujet, les œuvres de seize photographes et vidéastes abordent la puissance évocatrice des religions, superstitions et mythes du continent africain. Les artistes s'y expriment ici de façon poétique, critique ou décalée sur la question de la croyance, de ses conventions, de ses pratiques et ses représentations. Entre réel et fiction, esquissant des croyances en mouvement, les œuvres exposées dialoguent, anticipant leurs possibles évolutions.
La transe, les djinns, esprits, vaudou et autres intermédiaires spirituels.
L'exposition aborde tout d'abord un sujet troublant : la transe. Les vibrations qu'elle peut induire sont perceptibles dans les photographies de Bruno Hadjih, sur la pratique du "wird" dans la mystique soufie en Algérie, tandis que Léonard Pongo nous fait vivre à sa façon les cérémonies pratiquées par les églises évangéliques en République Démocratique du Congo, en vidéo.
Viennent ensuite les superstitions et la sorcellerie et les rituels marocains, qu'abordent Btihal Remli et Mohammed Laouli. Dans "Land of Ibeji", Bénédicte Kurzen et Sanne de Wilde mettent en scène les croyances autour des jumeaux au Nigéria. Sujet très fort, le vaudou pratiqué au Bénin et au Togo est traité par Nicola Lo Calzo avec, notamment, la représentation de "Tchamba", incarnation de l'esprit des esclaves.
Monothéisme et pélerinage
S'ensuit la série de portraits "Ovine Condition" de Nabil Boutrosun, sorte de dialogue entre les trois monothéismes et la pratique du sacrifice. "Black Pope" de Samuel Fosso et Maïmouna Guerresi opposent la représentation de l’autorité religieuse séculaire aux schémas dominants.
Une succession de performances pluridisciplinaire mêlant arts de la scène, tables rondes et films viennent ajouter du rythme à l'exposition. La transe saharienne et l’électro indus fusionnent, le cérémonial mouride se métamorphose en expérience multimédia immersive et la pleine lune est célébrée lors d’une soirée alternative, tandis que des conférences et projections abordent le rôle des femmes dans la transmission des croyances, la manière dont les artistes rendent visible l’invisible, ou encore l’avènement de nouveaux sacrés...
Le pélerinage est abordé de façon imagée par Éric Guglielmi, comme étape nécessaire d’un processus de transformation de soi. Mais de nombreux sujets sont ici évoqués, comme le rite initiatique du baptême en Afrique du Sud de Giya Makondo-Wills ou encore la résilience suite aux exactions des terroristes de Boko Haram au Nigéria, par Rahima Gambo.
Quant aux plus jeunes, un accueil particulier leur est dédié, avec des contes musicaux, la réalisation d’un livre de recettes magiques et des "ciné-goûters"...