"Aux Rencontres de la photographie d’Arles, on essaie de surprendre le public chaque année"

Depuis cinq ans, Sam Stourdzé dirige les Rencontres de la photographie d'Arles. Le festival, qui connait un succès phénoménal, célèbre ses 50 ans cet été, du 1er juillet au 22 septembre. L'occasion de revenir sur sa riche histoire, et ses projets.

Les Rencontres d'Arles sont nées en 1970. À quoi ressemblaient-elles à l'époque ?

Sam Stourdzé : La manifestation a été créé par trois visionnaires : un photographe arlésien, Lucien Clergue, un écrivain, Michel Tournier, et un historien, Jean-Maurice Rouquette. À l'époque, la photo ne s'affichait nulle part, ni dans les musées, ni dans les salles d'exposition, ni dans les festivals. Pour la première édition, il n'y avait que trois expositions. Et une soirée d'ouverture, qui s'est tenu dans le salon d'honneur de la mairie d'Arles. Les organisateurs étaient alors ravis d'avoir fait salle comble, en réunissant 200 personnes. On peut dire que les Rencontres ont bien grandi depuis…

On était loin de la fréquentation d'aujourd'hui !

Sam Stourdzé : À l'origine, les Rencontres d'Arles attiraient des spécialistes, des passionnés, qui venaient l'appareil photo en bandoulière. Aujourd'hui, la manifestation se veut très grand public. L'an dernier, elle a attiré 140 000 visiteurs et elle affichait 35 expositions, réparties sur une vingtaine de sites dans toute la ville. Cette année, on devrait encore faire davantage. Pour fêter le cinquantenaire, on a programmé 50 expositions. Et on prépare une soirée d'ouverture assez exceptionnelle, le lundi 1er juillet. Une grande fête foraine gratuite dans le centre d'Arles, avec des projections, de la musique, des stands, des inventions autour des pratiques de la photographie.

Depuis votre arrivée, il y a 5 ans, vous avez cherché à décloisonner les disciplines...

Sam Stourdzé : Les Rencontres se sont toujours construites sur des ruptures, qui ont à chaque fois donné lieu à des débats passionnés. À la fin des années 1970, elles se sont par exemple ouvertes à la photographie couleur, à une époque où on considérait le noir et blanc comme le seul garant d'un travail artistique. Plus récemment, le festival s'est intéressé à la vidéo, au numérique. En 2016, on a aussi lancé le VR Arles Festival pour présenter au public des fictions, des documentaires et des créations artistiques en réalité virtuelle. Les Rencontres d'Arles doivent être un lieu de réflexion autour des images, sous toutes ses formes. Dans une ambiance ludique et décontractée.

"Cette année, on investit un jardin sauvage, une sorte de jungle de 5 000 m² juste à côté de la gare."

Aujourd'hui, on a le sentiment que le festival et la ville ne font qu'un...

Sam Stourdzé : C'est tellement vrai qu'on parle aujourd'hui d'"Arles" comme on parle de "Cannes". On n'a plus besoin de préciser que la première accueille un festival de photographie, et la seconde un festival de cinéma. Chaque année, on essaie de surprendre le public, en proposant des lieux nouveaux, mais toujours accessibles à pied : des églises, des musées, des friches industrielles, des maisons. L'an dernier, on a inauguré un nouvel espace, au premier étage d'un supermarché Monoprix. Et cette année, on investit un jardin sauvage, une sorte de jungle de 5 000 m² juste à côté de la gare.

Peut-on imaginer que les Rencontres sortent des limites de la ville d'Arles ?

Sam Stourdzé : C'est déjà le cas. Il y a quatre ans, on a lancé le Grand Arles Express, un programme hors les murs des Rencontres d'Arles. Il consiste à labelliser des expositions dans des villes voisines, accessibles gratuitement pour les visiteurs munis d'un billet. Si vous venez à Arles cette année, vous pourrez aussi rayonner dans toute la région. Et découvrir des artistes à Avignon, Nîmes, Marseille, Toulon, Cavaillon ou Port-de-Bouc. On a l'ambition de faire du Grand Sud une destination pour la photo.

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